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Mardi 22 mai : Dans les fumées du Kayah Ijen

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Réveil à 4 h 10 et un petit déjeuner désastreux pour commencer la journée : pain de mie infecte et un oeuf dur. 5 heures, on part en minibus pour rejoindre le pied de l'Ijen Kayah. La route est bien défoncée, parfois à la limite du praticable. Et je comprends mieux maintenant pourquoi il n'est pas aisé de se rendre en individuel jusqu'ici avec les transports locaux. Transports locaux que je n'ai d'ailleurs pas croisés.

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Arrivée à 6 h 10 à un chemin qui mène à la montagne. Je fais la grimpette de 3 km en solo, suivant par moment des porteurs de soufre qui montent avec les paniers à vide. Certains cherchent à vendre des morceaux de soufre qu'ils ont sculptés. Pour dire gagner un peu plus leur vie car à 664 rp le kilo de soufre récolté, la vie est dure.

Le chemin se fait de plus en plus raide et les porteurs se font de plus en plus nombreux à prendre la direction du cratère. Sur la fin du parcours, la pente est nettement moins difficile et d'un coup, j'arrive au-dessus du cratère avec une vue splendide sur le lac bleu et les fumées de soufre. Le spectacle est grandiose.

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Le vent souffle assez fort et cette fois, je croise par dizaine les porteurs de soufre qui reviennent du cratère, le visage en transpiration. Impressionnant de voir ces hommes, plutôt minces, avec plus de 70 kg de soufre sur les épaules. Quel courage. Certains ont le visage marqué par l'effort, mais dès qu'ils croisent un touriste, il y a toujours un petit mot, parfois un sourire. 

 

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Je commence ma descente vers le cratère. Le ciel est magnifique et permet de jouir d'une vue splendide. Le chemin qui mène au cratère est accidenté. Il faut bien faire attention où on met les pieds. Pendant que je descends, les travailleurs montent avec leurs paniers remplis. 

Ils sont environ 300 à oeuvrer sur le site. L'un d'entre eux me propose de soulever ses paniers. C'est inimaginable de pouvoir supporter un tel poids. Encore plus inimaginable quand on connaît le nombre de kilomètres à parcourir, tout en montée...

 

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Ces hommes avancent lentement à travers les rochers, sans jamais se plaindre. En saluant au passage les nombreux touristes. Enfin nettement moins qu'au Bromo. On a même le droit à quelques <Bonjour>. Il faut dire que les touristes français sont les plus nombreux ici. Les conséquences sûrement d'un reportage de Nicolas Hulot, il y a quelques années ici. Les porteurs s'en rappellent encore.

J'arrive quasiment dans le cratère. L'odeur du soufre se fait de plus en plus forte. Les porteurs n'ont quasiment rien pour se protéger des émanations toxiques. Ni moi d'ailleurs, mais c'est moins grave, car je n'y suis pas pour longtemps et je ne fournis pas le même effort. Parfois, ça en devient même irrespirable.

 

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En bas, c'est l'effervescence. Certains creusent, d'autres remplissent leurs paniers ou frappent dans des tuyaux d'où s'échappe une fumée épaisse. J'essaie de me protéger le visage dans ma capuche. L'endroit devient difficilement supportable, d'autant plus que le ciel commence à se couvrir et que l'odeur du soufre commence à stagner en raison de l'absence de vent dans le cratère.

 

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Le plaisir de découvrir un tel lieu est partagé. Le bonheur de voir un tel spectacle, dans un tel environnement. La gêne d'être un touriste privilégié tandis que des hommes font un travail dans des conditions extrêmes. On me confiera que certains porteurs peuvent se saisir de 110 kg de soufre au maximum sur les épaules. Incroyable. 

On comprend mieux pourquoi ils ne peuvent faire le trajet que deux fois dans la journée. La fatigue les empêcherait de poursuivre leur labeur.

 

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Je reprends le chemin inverse. Le plus escarpé pour atteindre le dessus du cratère. Le chemin le plus pénible pour les porteurs. Ici même où ils sont obligés de faire des haltes. La tête basse, ils avancent par petits pats, prenant toutes les précautions nécessaires pour que les paniers ne chutent pas.

 

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Le ciel est de plus en plus couvert. Une brume épaisse envahit le volcan. En haut, des touristes arrivent seulement en compagnie de leur guide. Ils font grise mine car ils ne verront jamais le lac et, par un temps pareil, ne pourront pas descendre dans le cratère. La visibilité est de plus en plus limitée. C'est là que je me dis qu'il était vraiment nécessaire de se lever très tôt. Nous sommes vraiment arrivés à la bonne heure.

 

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Je redescends tranquillement le chemin qui mène au pied du volcan. Avec une halte café à un endroit où les porteurs pèsent leur recette du jour. Le chemin en descente paraît plus aisé pour les porteurs qui accélèrent le pas. 

Tandis que les touristes rejoignent les véhicules stationnés sur le parking en contrebas, je bifurque et suit les porteurs, voir jusqu'où ils vont avec leur marchandise. Voir ainsi où s'achève leur périple.

 

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Au bord de la route, une nouvelle machine à peser. Plus loin, des camions pour récupérer le soufre. Aucun touriste ne vient jusqu'ici, sur ce lieu à deux pas du parking. Des porteurs sont assis à même le sol et mangent le traditionnel riz dans leur gamelle. Dans l'indifférence la plus totale et très certainement avant le repartir vers l'Ijen Kayah.

 

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Il est 9 h 20, le minibus repart pour Ketapang. Je suis encore tout ému par ce que j'ai vu. A Ketapang, tous les touristes en ma compagnie me quittent. Direction Bali. Tandis que je conserve le minibus pour moi tout seul jusqu'à Probolingo, où on m'abandonne dans un bus local qui me prendra en charge jusqu'à Malang où je passerai la nuit au Splendid In. Le soir, un excellent repas à la House of Juminten, établissement rempli de jeunes indonésiens. Un Sego goreng bakar (10 000 rp) et un jus de watermelon-fraises (7000 rp), le tout parfaitement présenté. Et encore des images plein la tête des porteurs de soufre.

 

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